Je m’étais souvent posé des questions sur le processus de création chez les autres, avant d’interroger ma propre expérience.
Ce que je vais décrire ici m’est donc complètement personnel et je ne prétends surtout pas brosser une quelconque généralité ni apporter aucune nouveauté en la matière. Si je me permets de le faire, ce n’est que pour inciter chacun et chacune à développer sa propre créativité et à se faire confiance.
Lâcher prise, oser
Le plus difficile pour moi a été de m’autoriser à développer ma créativité et à sortir du cadre dans lequel je m’étais laissée enfermer jusque là. J’ai eu la chance, heureusement, dans un autre métier, de rencontrer une personne qui a porté un regard bienveillant et différent sur moi. Il suffit parfois d’un déclic pour que tout s’aligne.
Observer, observer
Dans mon activité d’artisane bijoutière, ne croyez pas que la phase de création soit délimitée dans le temps. Il s’agit d’un processus au long cours. Chez moi il est basé sur l’observation. Je me rends compte que pendant de longues années je n’ai pas pris ce temps. Mais depuis que j’ai commencé à observer, je ne m’arrête plus. Le truc est là, installé et il ne me lâche plus. Chaque balade, que ce soit dans mon quartier ou à l’autre bout du monde, peut être source d’inspiration.
L’art du décentrage
Un deuxième élément qui me permet de développer ma créativité, c’est le décentrage par rapport à ce que je regarde. Par exemple, lorsque je vois un bâtiment dont l’architecture me touche, je ne vois pas seulement un objet comme un balcon ou une belle porte mais je m’arrête sur un détail, un élément, une forme qui me plaît particulièrement. Quand j’aperçois une tortue qui me surprend sur un sentier, je m’arrête sur la forme de ses écailles. C’est comme si j’extrayais des éléments de leur cadre. Je suis certaine que vous en avez déjà fait l’expérience, notamment quand vous cadrez vos photos.
Une curiosité pour les arts
J’ai quand même un regret. Celui de ne pas avoir suivi de formation artistique. Pour autant, j’ai une grande curiosité pour le travail des artistes et pour les cultures contemporaines ou anciennes. Écouter des conférences ou courir les expositions et les musées en tout genre font partie de mes activités favorites : peinture, design textile, photos, installations, bijoux, mode… Mes centres d’intérêts sont éclectiques. Je remercie toutes celles et ceux qui nous font du bien avec leur talent. Et merci à mon entourage qui partage cette passion avec moi.
Du croquis au prototype
Des petits blocs et carnets s’entassent dans mon atelier. En règle générale, c’est plutôt en soirée que je me mets à faire des croquis qui deviendront peut-être bijoux. Je remplis des pages et des pages. Je peux tourner autour d’un motif ou d’une forme pendant un moment. Récemment j’ai dessiné des quantités de cactus avant de m’arrêter sur une esquisse de boucle d’oreille. Je ne sais pas encore si le bijou existera…
Beaucoup de mes croquis ne passeront jamais le cap de l’établi. De temps en temps, je feuillette mes carnets et je retiens ce qui a résisté à l’épreuve du temps (des semaines ou des mois plus tard). A partir de là, je fabrique un gabarit en carton puis un prototype en laiton. Il n’est pas rare que j’opère des ajustements par rapport à l’esquisse. C’est le moment que je préfère ! Découvrir le fruit de mon imaginaire et de mon travail qui prend forme. Mais là encore, certains prototypes ne sortiront jamais de l’atelier. Plus rarement, il arrive que mon travail soit plus intuitif et qu’un seul croquis soit le bon. Et là, c’est le bonheur.
Maintenant, vous en savez un peu plus sur ma façon de travailler. N’hésitez pas à m’écrire si, vous aussi, vous avez envie de partager votre expérience.